Juno

Jason Reitman, avec Thank You For Smoking, avait déjà prouvé sa capacité à traiter de sujets sérieux ou graves avec une certaine forme d'humour, d'intelligente légèreté. Il renouvelle cette réussite et la perfectionne dans Juno. Le sujet de départ, pourtant, c'est du lourd: une ado de 16 ans tombe enceinte et décide de garder l'enfant pour le faire adopter.
Oui, mais voilà: Juno McGuff, 1m60 à tout casser, c'est une mini tornade d'insouciance et de force mêlées, de répliques qui tuent, de pragmatisme bardé de sensibilité. Elle se prend en charge, règle l'adoption comme du papier à musique, remet le jeune père à sa place non sans dureté et devient comme cul et chemise avec le grand gamin qu'est le papa adoptif. Les coups durs, elle les encaisse sans broncher. Et même si, à mesure que l'échéance des neuf mois approche, les choses commencent à se gâter, Juno ne se laisse jamais démonter bien longtemps.
C'est pour ça que ce film est un vrai bonheur: l'histoire est jolie, optimiste, colorée et bricolée comme le sont certaines adolescence qu'on ne montre que trop rarement au cinéma. Ellen Paige est géniale dans le rôle d'une Juno qui ne peut rien faire comme tout le monde, au point qu'elle découvre la séduction et l'amour seulement après la grossesse. Le reste du casting est à la hauteur de sa prestation: Jennifer Garner et Jason Bateman, qui jouent des parents adoptifs plus ou moins responsables, agacent puis attendrissent tour à tour. Michael Cerra s'en tire aussi très bien en ado un peu trop petit pour son grand corps.
La mise en scène n'est pas en reste, la photographie toute mignonne et la bande originale tout à fait .

Bien sûr, on pourra trouver tout ça léger, caricatural, mais à mon avis Juno est à voir, non pas parce que c'est un chef d'œuvre, mais parce que c'est une agréable bouffée d'air frais.