Michael Clayton, choisi après de longues hésitations (et oui, entre Brad, George, Ewan et Colin, c'est une peu la galère de se décider).
Tout s'annonçait bien, mais j'avoue ne toujours pas savoir si j'ai vraiment aimé ou non.
George Clooney, tout d'abord, n'est pas en soi tout à fait mauvais, loin de là (certains plans où on ne voit que son visage et son regard m'ont paru tout à fait convaincants), mais il a je ne sais quoi de décalé par rapport aux autres acteurs, la mise en scène n'y est certainement pas étrangère. Pourquoi le faire apparaître soudain de face, comme si c'était une surprise, au détour d'une table de jeu? Comme si on ne s'attendait pas à l'y trouver... Et il cabotine quand même un maximum.
What else?Elément d'originalité: le personnage de Michael Clayton, qu'incarne Clooney, n'est pas "l'avocat qui se retourne contre son propre client", contrairement à ce que semble promettre l'affiche, mais un simple juriste d'affaires, ancien policier criblé de dettes.
L'avocat en question s'appelle Arthur (interprété par le très bon Tom Wilkinson), il est maniaco dépressif, il a découvert un sale dossier sur la firme agro alimentaire qu'il défend, et il veut tout mettre au grand jour. Clooney assiste à sa déchéance et y contribue même, durant un moment.
Et là, on peut trouver le choix original, le parti pris de faire du personnage secondaire à l'action le héros du film. En effet, Arthur se bat, lutte, est poursuivi, menacé, mis sur écoute, et Michael y assiste silencieusement. L'effet est étrange pour le spectateur, quand le poste d'un observateur comme Clayton est occupé par une star du box office, ce qui détourne un peu l'attention qu'on porte au combat de l'avocat et de l'affection qu'on pourrait avoir pour lui. Le fait que Michael finisse par prendre la relève ne surprend plus personne, vu qu'on l'avait repéré dès le début, et que comme c'est Clooney, on se douterait qu'il ne resterait pas jusqu'à la dernier minute au second plan de l'action (à distinguer du second plan de la mise en scène, je le répète).
Quel était alors l'effet voulu par le réalisateur? Mettre en valeur les hommes qui entourent un pauvre type seul contre une firme? Montrer que la démarche d'Arthur était tellement folle qu'il était petit comme une fourmi face à la firme, à un tel point qu'on ne pouvait lui accorder de place plus importante dans la trame narrative?
On peut critiquer la démarche, mais elle a le mérite de faire réfléchir.
Quand à la photographie et au cadrage, c'est franchement joli. Bon, c'est un peu le Michael Mann style, par moments, mais après tout, on a bien le droit d'aimer
( moi j'aime
), et si on aime, on peut imiter un peu.
Tout cela manque cependant de passion (le fait que Sidney Pollack, qui avait plutôt bien réussi La Firme, par exemple, tienne le rôle d'un avocat dans Michael Clayton m'a fait regretter qu'il n'y ait pas assez de sa patte dans le film). L'intrigue est parfois, non pas trop complexe, mais inutilement compliquée, on doit beaucoup deviner sans que cela nous serve finalement à grand chose. Certaines scènes (celle d'ouverture est particulièrement réussie) sont de beaux moments de cinéma, mais le reste tire un peu en longueur et évoque le pétard mouillé.
Sans le détester pour autant, on n'arrive pas à se passionner pour un film qui, à force de montrer un système froid, reste lui même assez glacial.
PS: je ne savais pas où caser ça dans ma critique, mais Tilda Swinton gère pas mal non plus dans le film... elle m'a encore plus impressionnée que Clooney ou Wilkinson -et Dieu sait s'il m'en fallait beaucoup pour être plus marquée par quelqu'un d'autre que par Clooney ...