La vie des autres

L'amour du risque étant notre leitmotiv, nous sommes allés voir "La vie des autres" pour son dernier jour de projection, et malgré deux coupures (heureusement que Joël, Sylvie et Sinan prenaient ça avec philosophie, j'ai failli détruire un siège ), j'ai pu acquérir une certitude: ces 2h17 seront dans les sommets de mon classement de l'année (si si, c'est un compliment).

Réalisé par Florian Henckel von Donnersmarck, ce film, dont l'histoire se situe au début des années 80, dans une RDA orwelienne et morne, muselant la presse et les artistes. Deux d'entre eux, l'auteur de pièces de théâtre Georges Dreyman et la comédienne Christa-Maria Sieland, l'un idéaliste, sûr de son succès, l'autre peu confiante et craintive, sont soumis à l'observation attentive d'un agent de la Stasi (services secrets de l'Allemagne de l'Est), un certain Wiesler.
La jolie Christa-Maria étant dans le collimateur d'un ministre de la culture peu scrupuleux, Wiesler est chargé de déceler à tout prix la faille de subversion qui fera tomber Dreyman et permettra son inculpation. Wiesler est un agent zélé, passé maître en l'art d'interroger les sympathisants (plus ou moins engagés) de l'Ouest, mais c'est aussi un homme terriblement seul. Le contraste entre les journées passionnées et riches de Dreyman, et la vie d'une monotonie écrasante de Wiesler devient de plus en plus frappant et douloureux pour l'agent, qui s'investit alors de plus en plus dans la vie du couple, déchiré avec eux par les épreuves qu'ils traversent.
Et lorsque Dreyman, jusque là parfaitement fidèle au régime, décide d'en dénoncer les failles, Wiesler accepte de fermer les yeux... Les évènements se précipitent alors avec une intensité théâtrale.

Car durant tout le film, on est le spectateur d'une tragédie. Les histoires s'imbriquent, on observe le couple d'artistes aux côtés de Wiesler... et on contemple l'identification progressive de ce dernier à ses "protégés", ainsi que son mal de vivre de plus en plus cruel, le suprenant au détour d'une journée d'écoute à verser une larme, à tiquer, à souffrir de son impuissance face à la dissolution de deux vies, puis à tenter d'agir contre un système au sein duquel il était pourtant parmi les meilleurs.

La prestation des acteurs (plus particulièrement Ulrich Mühe, qui incarne un Wiesler tiraillé à la limite de l'implosion par des sentiments qu'il semble n'avoir jamais éprouvés auparavant et qu'il étouffe tant bien que mal jusqu'à la fin), la mise en scène discrète et les musiques doucement mélancoliques achèvent de donner au film la profondeur (même les scènes les plus bénines ne laissent pas insensibles) qui lui fait amplement mériter son Oscar et explique sa popularité preque entièrement dûe au bouche-à-oreille.


Désolée pour toutes les parenthèses et la longueur de la critique, c'était dur de mettre des mots sur tout ça!

Rien à ajouter...

le film (comme la critique de Léa ) se place sasn problème parmi mes favoris, parmi les incontournables...

b'sous Léa, ma camarade de larmouille

Citation :

b'sous Léa, ma camarade de larmouille

Un Nico avec soi, ça permet d'éviter ces moments de solitude ^^

Pas de critique, mais probablement le fait d'avoir trop étudié ce film en cours d'Allemand, - d'avoir foiré mon contrôle dessus, - qui me reste en travers de la gorge.. ou peut-être d'avoir trop étudié cette partie de l'Histoire d'Allemagne jusqu'à la connaître auswendig.. qui font que oui, je ne peux pas dire le contraire, j'ai vraiment adoré ce film, mais "c'est tout". Alors biensûr je le note très bien, mais je sais qu'il ne figuererai pas dans la liste des films qui m'ont le plus touchés.

[spoiler ; ceux n'ayant jamais vu ce film sont priés de ne pas lire]

Je viens de le regarder sur Canal ce soir. Je l'avais évidemment déjà vu, mais je suis toujours sous le charme. Ou le choc, au choix. Outre le fait que l'on voit un espion sans coeur devenir "un homme bon", c'est son sacrifice qui me touche le plus. Notament, je pense, par-ce qu'il se fait sans recherche de reconnaissance, de manière totalement désinteressé. En tant que Maïtre du Jeu dans divers parties de jeux de rôles, j'ai souvant eu l'occasion de cacher des choses aux joueurs ; et je sais que l'interet qu'il y a faire des cachoteries c'est de pouvoir mieux les révéler par la suite. Voir la réaction des gens quand on leur apprend le fin mot de l'histoire. Or là, il sauve la mise de l'artiste ; ca lui coûtera son travail (sa vie professionelle, c'est à dire sa seule vie jusque là) et il le sait, mais il le fait quand même ; et ensuite, il passe 4 ans à faire un job de merde tandis que l'artiste ne sait pas qu'il existe. Même après le chute du mr, c'est à dire même après qu'il puisse enfin librement expliquer son rôle à l'artiste sans crainte de représailles, il n'en fait rien. C'est beau.

Enfin bon, en conclusion, n'hesitez pas à revoir ce film, il fait toujours autant d'effets.